Depuis le 1er mars 2022, les entreprises ont l’interdiction de vendre dans leurs rayons les cosmétiques et parfums contenant du buthylphenylmethyl propional (lilial), composant dit allergène, perturbateur endocrinien et potentiellement cancérigène.
Malgré les recommandations du CSSC (Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs) depuis 2020, certains fabricants continuaient d’intégrer le lilial dans la composition de leurs produits jusqu’à la date butoir, dont le groupe Bogart, auquel les parfumeries April[i] appartiennent.
Des études, sites et applications pour alerter les consommateurs En février 2005, l’organisation internationale Greenpeace, dans son rapport « Parfum de Scandale », révélait la présence de substances potentiellement dangereuses dans 36 eaux de toilette et eaux de parfum et les lacunes concernant la règlementation de leur utilisation. Si de nos jours, il existe des applications et sites internet qui visent à alerter et sensibiliser les consommateurs/trices et les pouvoirs publics sur la nocivité de certains composants, qu’en est-il de la protection et du suivi de la santé des salarié-e-s des parfumeries qui inhalent ces substances à longueur de journée ? En 2016, des analyses de la qualité de l’air dans un magasin Nocibé Pourtant en 2016, l’intervention d’un Technicien Hygiène Sécurité Environnement du Pôle Chimie de l’ACMS (Association des Centres Médicaux et Sociaux), pour évaluer la qualité de l’air dans l’une des parfumeries parisiennes Nocibé, mettait en évidence la présence de composants organiques volatiles, qui démontraient que la ventilation naturelle était insuffisante pour renouveler l’air. En 2017, le Pôle Santé Travail du Nord déplorait dans son rapport, la pauvreté des données concernant l’impact des produits cosmétiques à long terme dans les métiers de l’esthétique.
Quelle protection pour les 25 000 salarié-e-s du commerce de détail en parfumerie en France[ii] ?
L’article R4222-3 du Code du Travail définit les locaux à pollution spécifique ainsi : « les locaux dans lesquels des substances dangereuses ou gênantes sont émises sous forme de gaz, vapeurs, aérosols solides ou liquides autres que celles qui sont liées à la seule présence humaine ainsi que locaux pouvant contenir des sources de micro-organismes potentiellement pathogènes et locaux sanitaires ».
En 2016, le technicien de l’ACMS préconisait dans son rapport, l’installation d’un dispositif de ventilation générale qui a pour effet de diluer les polluants présents et de satisfaire le renouvellement de l’air ambiant, mais aucun dispositif de ce type n’est mis en place à ce jour dans les magasins.
Les bénéfices au détriment de notre santé
Avec plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, la France est un des premiers marchés du sélectif en Europe, comme le précise sur son site la FFPS (Fédération Française de Parfumerie Sélective).
Notre syndicat SUD Solidaires, présent dans ce secteur chez Adopt, April, Nocibé et Sephora[iii], constate qu’il ne s’agit donc pas d’un manque de moyen de la part des entreprises, mais plutôt d’un manque de volonté des dirigeants qui préfèrent se partager les bénéfices au détriment de la santé de leurs salarié-e-s !
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[i] 41 parfumeries Nocibé ont été rachetées en octobre 2021 par le groupe Bogart sous l’enseigne April [ii] Commerce de détail en parfumerie, produits de beauté, de toilette et d’hygiène et de cosmétiques dont relève la Parfumerie Sélective (Source FFPS) [iii] Notre syndicat fait actuellement un appel à candidature pour les élections professionnelles prévues en 2023 chez Marionnaud